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La voix des morts

Le Cycle d’Ender 2

De : Orson-Scott Card
Traduit par : Daniel Lemoine
Titre original : Speaker for the Dead
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La voix des morts fait suite à la Stratégie Ender qui avait laissé je jeune Ender en star mondiale après son succès contre les doryphores. Manipulé, celui-ci croyait être à la tête d’une armée fictive dans une simulation de combat. En réalité les victoires qu’il remportait étaient bien réelles. Sa victoire finale fût si écrasante, qu’il réussit à détruire la planète des doryphores et à anéantir complètement cette race extra-terrestre.

Ce succès, d’abord loué à l’unanimité devint ensuite un fardeau. 3000 ans plus tard, l’opinion publique se retournée et considère à présent la victoire de Ender comme le premier xénocide de l’humanité et Ender en vient à être considéré comme un être abominable. Ce retournement c’est opéré suite à la publication d’un livre "La Reine et l’Hégémon" qu’Ender à écrit lui-même sous un pseudonyme. Dans ce livre, il parle au nom de la reine des doryphores et explique ses motivations. En mettant en valeur le point de vue des doryphores, "La Reine et l’Hégémon" montre que la guerre qui les a opposé aux humains et liée plus à la difficulté de communiquer de deux races totalement différentes qu’à une volonté d’annihilation des uns ou des autres.

3000 ans plus tard, Ender est toujours en vie, et n’a même que peu vieillit grâce à de nombreux voyages spatiaux, durant lesquels sont corps est cryogénisé ; il ne vieillit donc pas. Ender a quitté l’école de guerre et la carrière militaire ; devenu porte parole des morts, il voyage de planète en planète pour raconter la vie des personnes qui viennent de mourir, comme il l’a fait la première fois dans "La Reine et l’Hégémon".

Durant les millénaires qui séparent la “voix des morts” de la “Stratégie Ender”, l’humanité s’est répandue dans toute la galaxie, occupant les planètes laissées vacantes par les doryphores. On parle alors de l’humanité comme des “cent planètes”. L’humanité n’est pourtant pas la seule race intelligente dans l’espace, il en existe une autre, plus rustre, qu’on appelle les piggies (ils ressemblent à des cochons). Cette race vit sur la planète de Lusitania, colonie portugaise, sous domination catholique. Les cent planètes imposent toutefois des règles très strictes aux humains sur Lusitania. Tout est fait pour ne pas interférer dans le mode de vie des piggies, ne pas influencer leur culture ou leur fournir des technologies.

Instruite par la guerre contre les doryphores et les principes énoncés dans "La Reine et l’Hégémon", l’humanité veut éviter à tout prix un nouveau xénocide. Ou bien, veut éviter à tout prix l’émergence d’une race concurrente. Mais lorsque l’un des habitants de Lusitania est tué de façon atroce par les piggies, Ender décide de se rendre sur place pour comprendre ce qui s’est passé. Il a en réalité un second but pour venir sur Lusitania. A la fin de la stratégie Ender, le jeune homme a trouvé le dernier œuf de la reine des doryphores. Si Ender le laisse se développer sur Lusitania, ce pourrait bien être un nouveau départ pour la civilisation des doryphores.

On tolère assez bien les quelques éléments incongrus du romans, ou disons plutôt les originalités du livre : une race de cochons extra terrestres, qui apprennent à parler le portugais et qui considèrent les arbres comme des ancêtres, c’est inédit dans un roman de SF. Orson S. CARD ose tout ! Mais ça marche. Le livre par sa profondeur philosophique fait le parallèle entre les extra-terrestres et les différentes ethnies qu’on peut trouver sur terre. D’ailleurs mon résumé est assez incomplet, car à cette intrigue trop rapidement résumée, Orson Scott Card ajoute des secrets de familles, des intrigues politiques pour tisser une intrigue à tiroirs dans laquelle il réussit à ne pas nous perdre. Un tour de force.

PRIX HUGO 1987 ET PRIX NEBULA 1986

Quelques lignes...

Elle commença l’examen. Il dura trois jours. Elle réussit, avec un nombre de points nettement supérieur à celui de nombreux étudiants diplômés. Rétrospectivement, toutefois, elle ne se souviendrait pas de l’examen comme du début de sa carrière, de la fin de son enfance, de la confirmation de sa vocation pour l’œuvre de sa vie. Elle se souviendrait de l’examen parce que ce fut le début de la période passée dans le laboratoire de Pipo, où Pipo, Libo et Novinha formaient la première communauté à laquelle elle eût appartenu depuis que ses parents avaient été mis en terre.

Ce ne fut pas facile, surtout au début. Novinha ne renonça pas immédiatement à sa pratique de la confrontation froide. Pipo comprenait, était prêt à laisser passer l’orage de ses attaques verbales. Cela fut beaucoup plus difficile du point de vue de Libo. Le Laboratoire du Zenador était l’endroit où il pouvait être seul avec son père. Désormais, sans qu’il ait été consulté, une troisième personne l’occupait, une personne froide et exigeante, qui lui parlait comme à un enfant, bien qu’ils aient le même âge. Il acceptait mal qu’elle soit xénobiologiste à part entière, avec le statut d’adulte que cela impliquait, alors qu’il était toujours apprenti. Mais il s’efforça de rester patient. Il était calme par nature, et le silence lui allait bien. Lorsqu’il était vexé, il ne le montrait pas. Mais Pipo connaissait son fils et le voyait bouillir. Au bout d’un certain temps, bien qu’elle soit insensible, Novinha s’aperçut qu’elle provoquait Libo au-delà des limites supportables par un jeune homme normal. Mais, au lieu de le ménager, elle considéra cela comme un défi. Comment pourrait-elle forcer ce beau jeune homme exceptionnellement calme et doux à réagir ?
— Tu veux dire que tu travailles depuis toutes ces années, lança-t-elle un jour, et que tu ne sais même pas comment les piggies se reproduisent ? Comment sais-tu que ce sont tous des mâles ?
Libo répondit calmement :
— Nous leur avons expliqué les mâles et les femelles lorsque nous leur avons appris nos langues. Ils ont décidé de se considérer comme des mâles et ont désigné les autres, ceux que nous n’avons jamais vus, comme des femelles.
— Mais, à ta connaissance, ils se reproduisent grâce à des spores. Ou par mitose !
Le ton de sa voix était méprisant et Libo ne répondit pas immédiatement. Pipo crut entendre les pensées de son fils, reformulant soigneusement la réponse afin de la rendre douce et inoffensive.
— J’aimerais que nous puissions faire davantage d’anthropologie physique, dit-il. Ainsi, il nous serait plus facile d’appliquer tes recherches sur les structures subcellulaires de la vie lusitanienne à ce que nous apprenons sur les pequeninos.
Novinha parut horrifiée.
— Tu veux dire que vous ne prenez même pas d’échantillons de tissus ?
Libo rougit légèrement, mais sa voix était toujours calme lorsqu’il répondit. Pipo se dit qu’il aurait agi de la même façon s’il avait été interrogé par l’Inquisition.
— Je suppose que c’est ridicule, expliqua Libo, mais nous avions peur que les pequeninos se demandent pourquoi nous prenions des morceaux de leur corps. Si l’un d’entre eux tombait malade, ensuite, nous rendraient-ils responsables de la maladie ?

Le lundi 3 mars 2014, par AJL
Modification de l'article le : 24 février 2014.