Mémoires de la jungle de Tristan Garcia, c’est l’histoire d’un singe de l’espace qui se crashe dans une foret primaire alors qu’il cherche à regagner la terre après une tournée promotionnelle au quatre coins de l’univers. Et oui car le singe en question est une vedette douée de parole, ce qui éveille l’intérêt du public.
Pour l’intérêt du lecteur, c’est autre chose. En effet, ce singe non seulement parle mais il est en plus la narrateur de cette histoire. Or la pauvre bête n’a acquis que des rudiments de français. Lisez l’extrait ci-dessous, le charabia du primate est éloquent. Multipliez tout ça par 350 pages et vous aurez une idée de l’épreuve que constitue la lecture de cette chose.
Et puis c’est cousu de fil blanc, on se doute assez vite de la morale de cette fable sur la frontière entre nature et la civilisation. Un singe humanisé par la parole se retrouve seul et démuni dans la jungle... Que se passe t-il ensuite ? Vous le saurez si vous allez au bout de ce truc. Moi j’ai stoppé après cinquante pages. Beaucoup trop énervant à lire.
Pour ne pas finir sur une note trop désagréable je reconnais que ça a du être aussi éprouvant à écrire qu’à lire. Chapeau donc pour l’effort. Avoir tenu sur une telle distance cette « écriture simiesque », c’est déjà ça. Reste un mystère : Ce livre est-il le résultat d’un pari entre copains ?
Lorsque je lève la tête, en effet, un grand piton droit et noir comme le charbon est seul dressé sur le plateau gris balayé avec les cailloux ovales par le vent tranchant moqueur.
Au-dessus comme des cotons-tiges sans tiges, tortillonnés telles des pâtes trop cuites ordonnées en spirale dans l’assiette du grand ciel sale, les nuages cachent le soleil et les stations orbitales humaines, ils sont blancs bientôt gris, et j’ai l’impression qu’ils vont atterrir, pour venir me punir.
La deuxième chose que j’ai vue, en descendant du piton avec le bout des prunelles de ses yeux, c’est l’immense incroyable cratère en contrebas, enroulé dans un flanc de
mille fois mille fois mille petites billes noires sur le sol, comme une assiette à soupe j’ai bien cru qu’il grondait.
Oh ne jure jamais, Doogie, jure et tu seras prisonnier, mais si tu veux sauver ta peau le temps que ton cerveau se réveille pour le remettre quelque part dedans un de ces jours, il faudra tout de suite monter sur les deux pieds et descendre d’ici avant longtemps. Mais les muscles du Doogie sont engourdis parce que la substance s’est endormie dedans, et il se traîne jusqu’à ce que.
La troisième chose que j’ai vue, à la fin du plateau, là où la roche s’effritait comme la biscotte du matin dans le café chaud, mais là dans le vide c’est le vide. Et le vide c’est beaucoup plus de rien que vous croyez. Houh houh, là là ! Quel piège de malheur ! Où as-tu été et comment, pauvre fou de monkey ? Comment mais comment es-tu grimpé sur ce monstre sous les nuages qui grincent ? Aïe aïe, il faut réfléchir à ne pas réfléchir car ça urge, c’est indubitable un fait, ma foi. Au-dessous de moi, embrumé, le paysage de la grande plage, sous la mangrove du fleuve, enfoncé dans le ténèbre vert touffu de feuillage du continent jusqu’à l’horizon derrière moi, où dans le centre sous les arbres de la ligne loin là-bas demeure Janet, oh si je savais voler. Tu ne sais pas pouvoir. Au sud, l’autre mangrove à éviter, mais où est donc la carte pour dessiner tracer le cheminement du chemin du fleuve comme un fil noir dans le vert des forêts qui serpente et fait des lacets ? Je me retourne, je marche avec mal sur les rochers du plateau désert et sous le grondement, je l’entends, une fois le vent me siffle, deux fois. Il est parti, elle n’est pas là, le vent l’a emportée, elle est partie avec lui, la carte t’a trahi. Pourquoi ta main n’a-t-elle pas été fidèle au baluchon ? Tout est c’est perdu maintenant. Oh malheur pour toi il n’y a jamais de joie.
Il faut que tu écrives dans ta mémoire le dessin du chemin, en observant la mangrove mille fois découpée la gueule et l’estomac du fleuve pour que près du Zoo il te fait caca.
Le mardi 5 avril 2011, par
Modification de l'article le : 25 septembre 2013.
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