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Les accommodements raisonnables

Le nouveau Dubois

De : Jean-Paul Dubois
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J’aime beaucoup Jean-Paul Dubois. Il y a dans ses livres un certains nombre de constantes qui font que je ne trouve jamais le livre mauvais. Moins bon que le reste, c’est la pire des sentences qu’a réussit à m’arracher la lecture d’un de ses livres.

Entre Toulouse et Hollywood

Dans les accommodements raisonnables il est question de Paul, dont la femme est dépressive et à qui on propose de partir quelques mois en Californie pour participer à l’écriture d’un scénario, pour un film français qui doit être transposé aux États Unis. C’est l’occasion pour Paul de fuir son quotidien. Sa femme demande a être internée et donne des consignes pour ne surtout pas avoir de contact avec son mari. Paul part donc la mort dans l’âme.

Une fois sur place il rencontrera une jeune femme qui est le sosie de sa femme avec 20 ans de moins. Pour Paul c’est le début d’une passade. Mais à l’image de ses deux femmes les États Unis et la France sont mis face à face dans un jeux de miroirs passionnant.

Jean-Paul Dubois et moi

Les romans de Dubois frappent par des gimmicks qui se retrouvent de romans en romans. L’un des plus surprenants est la passion du narrateur ou du héros (anti héros plutôt) pour les tondeuses à gazon. Citons aussi le fait que sa femme se nomme Anna, qu’un personnage manque de se noyer en nageant dans l’océan, qu’on retrouve souvent une scène ou le héros est dans un motel lorsque le premier homme pose le pied sur la lune, que le héros conduit une voiture de collection, qu’il est dépressif et qu’il a envie de fumer et regrette d’avoir arrêter. Voilà la grande joie de lire un roman de Jean Paul Dubois : Comment ces différents éléments vont se combiner. Lesquels laissera t-il de côté (cette liste n’est ni exhaustive, ni immuable), et qu’est ce qui là dedans relève du vécu de l’auteur.

La deuxième grande qualité de Jean Paul Dubois, c’est sont style en totale harmonie avec la modestie de son patronyme. Ça ne frime pas inutilement avec une pompeuse particule. les phrases sont courtes et simples, mais extrêmement habiles dans l’usage de la métaphore. Il a l’art de rendre cocasse ce qui est tragique. C’est un régal à lire. Bref, j’adore.

Quelques lignes...

Je n’avais jamais aimé Charles Stern. Avec son visage bourbonien, avachi, sans caractère - trop de chair, pas assez d’os -, ses manières prétentieuses et cette façon désinvolte qu’il avait de traiter les autres, il me mettait mal à l’aise. L’idée que nous étions de la même famille m’était très difficile à accepter. Charles Stern me faisait honte.

Sa mort aujourd’hui me laissait totalement indifférent. En revanche, elle semblait donner un surcroît de vitalité à mon père, lequel, en dépit de ses-soixante-dix-huit ans, n’en avait nul besoin. Depuis le décès de son frère, survenu voilà à peine deux jours, Alexandre Stern bourdonnait, s’occupait de tout, négociait pied à pied avec les entreprises funéraires, contactait les proches et la famille, harcelait le notaire et les fonctionnaires de l’état civil. Moi qui le connaissais mieux que quiconque, je voyais bien le plaisir qu’il prenait à chorégraphier les funérailles de l’homme qu’il avait sans doute haï avec le plus de constance durant toute sa vie. Oui, au moment où le cercueil de son frère allait disparaître dans le tunnel rougeoyant du crématorium, Alexandre Stern rayonnait, aussi discrètement que possible, d’un indicible bonheur.

Le mardi 13 avril 2010, par AJL
Modification de l'article le : 13 avril 2010.