Un double meurtre parfaitement atroce laisse ce cher Dexter interdit. Cette fois, il semble bien qu’il soit tombé sur un serial killer plus retors que lui.
Dans cet épisode Dexter continue de peaufiner son déguisement de citoyen normal. Pour cacher sa double de vie serial killer justicier, il s’est trouvé une petite amie dans ses deux précédentes aventures (voir Ce cher Dexter et Dexter revient). Rita, mère divorcée de deux enfants, n’est pas plus intéressée par le sexe que Dexter et surtout, elle n’est pas très regardante sur l’emploi du temps de noctambule de son Dexter. Cette situation étant très convenable, Dexter et Rita entament des préparatifs pour un mariage.
Coté boulot, c’est moins rose. Appelé sur une scène de crime dans une université Dexter découvre une scène de crime qui le terrifie, lui et son Passager noir. A tel point que ce dernier l’abandonne. La petite voix intérieure à l’instinct de prédateur très sur abandonne Dexter et le laisse face seul et démuni à un assassin coriace.
Cet épisode tourne assez vite vers le mystique mais c’est surtout la personnalité de Dexter qui est explorée dans cet opus, beaucoup plus intensément que dans les précédents livres. En effet Dexter nous fait une crise d’humanisation, tant dans sa vie personnelle que dans son hobby nocturne.
Dès lors comment continuer à régir en prédateur lorsqu’on se rapproche à ce point de l’être humain moyen, avec femme, enfants, boulot et surtout sans son Passager noir. Heureusement Dexter sait garder son humour noir en toute circonstances.
Je réussis à ramener les enfants au bercail avant que Rita ne disjoncte, mais il s’en fallut de peu, et cela empira lorsqu’elle découvrit qu’ils étaient allés voir des têtes calcinées. Ils n’avaient pas l’air particulièrement perturbés, néanmoins ; ils semblaient même plutôt excités par leur journée, et la décision d’Astor de devenir une réplique de ma sœur Déborah eut l’avantage d’atténuer la colère de Rita. C’est vrai, un choix de carrière précoce pouvait représenter un gain de temps considérable et éviter des ennuis plus tard.
Rita était malgré tout très remontée, et je sentais que ça allait être ma fête. En temps normal, je me serais contenté de sourire en la laissant déblatérer, mais je n’étais pas d’humeur à supporter la moindre marque de normalité. Ces deux derniers jours, je n’avais aspiré qu’à un peu de temps libre et de calme pour réfléchir au problème du Passager noir, et j’avais été balloté dans tous les sens, pas Déborah, Rita, les enfants, et même mon travail. Mon déguisement avait pris le pas sur ce qu’il était censé masquer, et je n’aimais pas ça. Mais si j’arrivais à échapper à Rita et à sortir de la maison, j’aurais un peu de temps pour moi.
Prétextant donc un travail urgent qui ne pouvait attendre lundi, je me faufilai dehors et me rendis au bureau, savourant la relative tranquillité de la circulation en plein samedi soir.
Durant les quinze premières minutes du trajet, je ne parvins pas à me débarrasser de l’impression que j’étais suivi. C’était ridicule, je sais, mais il ne mettait jamais arrivé de me promener seul la nuit et cela me rendait très vulnérable. Sans le Passager, je n’étais qu’un tigre sans flair ni crocs. Je me sentais stupide et lent, et mon dos était parcouru de frissons. J’avais comme la chair de poule, et la certitude qu’il me fallait revenir en arrière pour flairer ma trace parce qu’une bête affamée rôdait autour. Et en fond sonore, je percevais un écho de l’étrange musique du rêve, qui agissait sur mes pieds de façon involontaire, comme s’ils devaient se rendre quelque part sans moi.
C’était une impression horrible, et si j’avais été capable d’empathie, j’aurais certainement été emporté par une vague de regret à la pensée de toutes les fois où c’était moi qui avait mis dans cet état effroyable les individus que je traquais. Mais je ne suis pas fait pour éprouver de telles angoisses, et tout ce qui le préoccupait, c’était mon propre problème : mon passager était parti, et si l’on me suivait réellement je me retrouvais seul et sans défense.
Ce devait être mon imagination. Qui voulait épier Dexter le débonnaire, menant tant bien que mal sa petite existence artificielle avec un grand sourire, deux enfants et une hypothèque auprès d’un traiteur ? Pour m’en assurer, je jetai un coup d’œil dans le rétroviseur. Personne bien sûr ; personne prêt à bondir avec une hache et une poterie exhibant le nom de Dexter. Je devenais gâteux, à force.
Le lundi 6 juin 2011, par
Modification de l'article le : 17 août 2020.
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