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Train d’enfer pour ange rouge

Premier roman

De : Franck Thilliez
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Alors que sa femme Suzanne a disparu de façon inattendue et mystérieuse, le commissaire Sharko se retrouve plongé dans une enquête particulièrement énigmatique. La police a découvert le corps supplicié d’une riche veuve. La victime a été décapitée et placés en évidence, le corps ligoté et suspendu à deux mètres du sol. Commence alors pour Sharko une enquête particulièrement éprouvante dans le milieu sadomasochiste.

Un roman bien saignant

Si « Train d’enfer pour ange rouge » ne révolutionne pas le genre, c’est un roman diablement efficace qui procure une bonne dose de frissons et de plaisir. Je dirais même qu’on frôle l’excès dans le macabre, c’est assez plaisant je trouve. Sans trop en dévoiler, on regrettera pourtant un peu la fin : le héros, accablé par un dénouement qui s’annonce affreux ne perd pas suffisamment pied selon moi ; il reste focalisé sur son enquête. Monsieur tout le monde, même flic, aurait sombré. Cela aurait donné la touche de réalisme dans la psychologie du personnage, celle qui fait d’un bon polar, un polar excellent.

Quelques lignes...

La pluie chaude d’un orage d’été attaque avec caractère les pavés glissants du Vieux Lille. Plutôt que de chercher un abri, je préfère contempler les traits d’eau qui s’engagent dans les sillons des tuiles ocre, s’accrochent aux gouttières en perles d’argent pour ensuite venir danser au creux de mes oreilles. J’aime humer ces odeurs de briques anciennes, de greniers et de fourre-tout. Ici, dans ce silence de bulle d’eau, tout me rappelle Suzanne, cette ruelle que je remonte, forme le couloir du temps qui me mène à elle. Je tourne rue des Solitaires et, juste après l’angle, m’engouffre dans le Némo où je commande une bière blanche de Brugges.

Des braises de feu mal éteint brillent au fond des yeux du patron, une lueur de celles qui remuent les souvenirs, les mettent en branle jusqu’à faire émerger des instants de vie que l’on croyait morts. Sa bouche se serre, on dirait que cette gymnastique intellectuelle le brûle intérieurement. Je crois qu’il m’a reconnu. Il est vingt-trois heures, ce soir-là. Je me tourne et me retourne dans mon lit, les yeux rivés vers les chiffres blessants du radio-réveil. La place de Suzanne, trop vide, me contraint à me lever et à appeler sur son téléphone portable. (une voix douce me répond, celle de sa bouche et de son nez et, de l’orifice béant qui troue se poitrine, jaillit l’odeur pestilentielle de la mort.Je reprends mon sac, sors mon téléphone cellulaire d’une pochette et me décide à l’ouvrir, avec l’espoirqu’aucun message ne m’y attende et me prive de mon avant-dernier jour de congé.

Le samedi 9 janvier 2010, par AJL
Modification de l'article le : 9 janvier 2010.