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Travail soigné

Prix du premier roman policier Cognac 2006

De : Pierre Lemaitre
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Après avoir été emballée par Robe de marié, j’ai eu envie d’approfondir les écrits de Pierre Lemaitre en lisant Travail soigné : me voilà conquise une fois de plus.

Encore un serial Killer ???

On pourrait craindre le déjà vu, mais faîtes moi confiance, c’est pas mal du tout.

Malgré une taille d’un mètre quarante cinq, Camille Verhoeven est un grand flic, avec autant de sang-froid que de méthode. On le découvre lors d’une enquête sur un tueur en série féru de polars. Ses crimes s’inspirent de grands classiques du roman noir. Lemaitre profite ainsi d’une intrigue pleine d’astuces pour faire un joli hommage a la littérature policière.

Verhoeven est appelé sur une scène de crime à Courbevoie. Le tableau qu’il découvre est aussi atroce que travaillé et plusieurs détails semblent tout de suite troublants. Les premières constatations rendent les motivations de ce double homicides floues.

Il s’agit de deux prostituées, mutilées et torturées, dont les dépouilles ont été visiblement mis en scène. Malgré de nombreux éléments matériels, l’enquête piétine et la presse se déchaine contre la police. C’est le début d’une longue série de meurtres. Mais bientôt Verhoven trouve une piste : les meurtres sont des reconstitutions de crimes de romans policiers que le tueur prend pour modèle.

Un roman astucieux

Du coup, en plus d’avoir une intrigue solide et pleine de suspens, on se retrouve avec une petite bibliographie idéal pour l’amateur de polars. Cela m’a donné quelques idées de lectures d’ailleurs.

Mais ça, ce n’est rien encore.

Le roman est diablement astucieux et à une poignée de pages de la fin, une belle surprise vous attends. C’est un procédé plus ou moins déjà exploité dans Robe de marié mais qui se révèle encore plus efficace ici. J’ai horreur des romans qui cherchent à être surprenant dans les dernières pages. Souvent c’est soit tiré par les cheveux, soit déjà vu, revu et rerevu. Là non. Je vous dis rien de plus. Lemaitre est très convainquant et mérite facilement sa place dans mon top 3 des auteurs de polars.

Quelques lignes...

Au premier coup d’œil, Camille sentit ce que la circonstance aurait de différent. Une chose avait été de regarder l’abominable tête - où ce qui en avait été fait - d’Évelyne Rouvray. Autre chose était de pratiquer une autopsie qui ressemblait davantage à un puzzle macabre.

D’habitude, les corps extraits des caissons réfrigérés évoquaient une détresse terrible mais la détresse elle-même avait quelque chose de vivant. Pour souffrir, il faut vivre. Mais cette fois, le corps semblait s’être dissous. Il arrivait simplement par paquets, comme des morceaux de thon à la pesée d’un marché maritime.

Dans la salle d’autopsie, sur les tables en inox, sous les protections, on distinguait des masses un peu vagues, de différentes tailles. Tout n’était pas encore sorti, mais il était déjà difficile d’imaginer que ces morceaux avaient pu faire un ou deux corps. En regardant un étal de boucher, il ne vient à personne l’idée de recomposer mentalement l’animal entier.

Les docteurs Crest et N’Guyen se serrèrent la main comme ils auraient fait à un congrès. Le représentant de la folie salua dignement celui de l’atrocité. N’Guyen chaussa ensuite ses lunettes, s’assura du fonctionnement de son magnétophone et choisit de commencer Par un ventre.

Nous sommes en présence d’une femme de type européen âgée d’environ...

Le dimanche 23 octobre 2011, par AJL
Modification de l'article le : 18 novembre 2012.

Réactions

  • visiteurs

    Travail soigné

    par pichenette - 24 novembre 2011 20-44

    J’avais bien aimé robe de marié, mais sans plus. Je trouvais justement que la surprise de la fin était amenée avec de gros sabots. Je ne suis pas trop tentée de m’y recoller.

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